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Articles - Témoignage: Sandra, Médecin généraliste
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La «réforme» du système de santé accélère l’instauration d’une médecine à deux vitesses…Interview par Claude BARRATIER 10 JANVIER 2005


Le docteur Sandra MOKOBODZKI, médecin généraliste dans un quartier populaire de Villefranche sur Saône, nous a reçus et nous a expliqué le contenu de la loi appliquée depuis le 1er janvier de cette année. Elle est adhérente du syndicat des médecins généralistes, MG France.
« Ce syndicat est à l’origine de la reconnaissance par l’université de la formation de médecin généraliste, formation maintenant dispensée ; son intervention a permis la signature d’une convention spécifique pour les médecins généralistes en 1998 .

Le 5 février dernier, par 98% des mandats, l’AG de ce syndicat refuse de signer la convention proposée par le ministère (convention médicale qui instaure le dispositif du médecin traitant prévu par la réforme de l’assurance maladie).

La réforme actuelle supprime d’un coup un certain nombre d’avantages acquis par les médecins pour les patients - notamment l’existence du médecin référent : il s’agissait, sur la base du volontariat, d’un accord entre le patient et le médecin, le médecin prenant un engagement de qualité ; il s’engage à se former, à respecter un quota inférieur à 7500 actes par an, à prescrire des médicaments génériques, à s’informatiser, à tenir le dossier médical et en faire la synthèse à télétransmettre les feuilles de soins ; le patient obtenait ainsi le tiers payant et ne déboursait rien. Ce système permettait d’assurer le suivi et les soins du patient sans que celui-ci ait à régler directement la consultation. Sans condition de ressources ,il pouvait permettre à des malades ayant de faibles revenus, par exemple juste au dessus du seuil de la CMU de bénéficier du tiers payant . La réforme actuelle supprime ce système et pénalise les plus pauvres des patients : en moyenne, le système du médecin référent était proposé par 10% des généralistes, dans mon quartier ou à Vaulx en Velin, par 80% ! »

Quel est le sens de cette réforme ? et à qui profite-t-elle ?

« L’exercice de la profession pour un médecin généraliste devient de plus en plus dur, il y a actuellement 500 postes de médecins non pourvus lors du choix de fin d’études! Cela posera surtout problème dans les zones rurales et les banlieues. »

« Le système du médecin traitant devient obligatoire : on peut changer de médecin traitant, mais il faut chaque fois le signaler à la caisse ; c’est ce qui permet ensuite d’aller voir le spécialiste. Il y aura deux secteurs en ville, deux délais.

Cette réforme permet aux spécialistes qui le désirent de pratiquer largement les dépassements d ‘honoraires, à la charge du malade si celui-ci n’est pas allé voir avant son médecin traitant. De même que le médecin traitant n’a aucune garantie d’obtenir des rendez-vous rapides sans dépassement chez le spécialiste…comme à l’hôpital, où les rendez-vous du secteur privé avec dépassement d’honoraires sont beaucoup plus rapides que ceux du secteur public.

On va voir s’accentuer la médecine à deux vitesses. Ceux qui auront une bonne assurance privée seront bien remboursés ; or, aujourd’hui, je constate parmi mes patients que bon nombre abandonnent la mutuelle lorsque le budget est serré, c'est une des premières restrictions faites. Les plus pauvres sont couverts par la CMU, ce n’est pas simple de l’obtenir, il faut faire des dossiers et renouveler tous les ans, mais ils l’ont au moins. La majorité voient leurs revenus baisser et sont touchés par ces mesures.

Il y a un risque de plus en plus grand de voir apparaître les assurances privées sur le marché, qui remplacent le système de sécurité sociale basé sur la solidarité et le service public. Les assurances privées sont de plus en plus représentées : avant on négociait avec des syndicalistes représentant les assurés au sein de la sécurité sociale, maintenant, la négociation se fait avec un représentant unique nommé par le ministre, il applique les directives ; ce directeur de l’Union des Caisses est un ancien dirigeant des assurances AXA ! »

Quelles en sont les conséquences ?

« Cette réforme a relancé la polémique entre les médecins généralistes et spécialistes ; quand on dit qu’il faut diviser pour régner… ! C’est un coup de plus pour casser le système de sécurité sociale. Elle ne joue pas en faveur de la prévention ; les patients retarderont le moment de se soigner, faute de moyens. Sous prétexte de faire des économies à la Sécurité Sociale, ce système va vers sa destruction et son remplacement par des assurances privées. Il ne restera bientôt plus rien du système solidaire, qui permet aux plus malades, aux plus âgés, aux plus démunis, d’avoir un égal accès aux soins. C’est la destruction du système solidaire de santé établi à la Libération au profit du secteur privé. »

Que peut-on faire et quels sont vos projets d’action pour ces prochains jours ?

« Déjà essayer de convaincre nos confrères de se mobiliser, ils ne se sentent pas tous investis d’un rôle social. Nous faisons signer des pétitions aux malades, dans mon cabinet, pour garder le système du médecin référent ; il en existe d’autres plus générales sur la réforme. Nous travaillons à la constitution de collectifs avec la société civile, il en existe un à Lyon qu’il s’agit de renforcer (collectif pour une assurance maladie solidaire, contre les restrictions d’accès aux soins ). Une journée d’action est prévue le 5 mars avec eux. Il faut que les assurés se mobilisent, ce sont eux qui sont touchés ! Nous appelons nos patients à boycotter et à ne pas renvoyer les fiches indiquant le choix du médecin traitant, ce serait cautionner la réforme ; nous allons aussi contacter les députés de nos circonscriptions »

Nous décidons de prendre un rendez-vous et d’aller ensemble le rencontrer !
Une pétition est en ligne sur www.manifeste-sante-mg.org


Les principales décisions de la réforme :
Au 1er janvier est entrée en vigueur la loi Douste-Blazy du 13 Août 2004 et la nouvelle convention médicale, portant réforme de l’assurance maladie :mise en place d’une contribution d’1 euro par consultation et par acte médical (sauf mineurs, femmes enceintes et CMU) – le forfait journalier passe de 13 à 14 euros – suppression du médecin référent et instauration du « médecin traitant » appelée « maîtrise médicalisée des dépenses » : le choix d’un spécialiste (supprimer généraliste) sans passer par le médecin traitant sera plus cher et moins remboursé – un volet contrôle des assurés au moyen d’un dossier médical personnel et d’une nouvelle carte Vitale avec photo, permettra d’ici deux ans de contrôler davantage le malade – hausse de la CSG…

Le syndicat MG France communique :
« C’est le patient qui en fera les frais - suppression du tiers payant pour les 2 millions de patients dans les zones défavorisées en 2006 - la création du médecin traitant n’est pas une garantie de soin, de suivi ou de délai, son seul impact sera d’autoriser ou non la prise en charge par la caisse – le médecin traitant ne devient qu’un distributeur de ticket de remboursement - les tarifs des mutuelles vont s’envoler, devenant inaccessibles pour un plus grand nombre, d’où aggravation des disparités - les missions de coordination, de suivi des patients sont abandonnées - l’absence de définition des tarifs des spécialistes laisse faire et institue les dépassements d’honoraires…

Témoignage de médecins (dont Sandrine Buscail, présidente du syndicat national des Jeunes Médecins Généralistes : « …la santé est devenue une marchandise comme une autre…cette contre-réforme pose comme principe la supériorité de la médecine d’organe, de l’homme morcelé, sur la médecine générale, médecine de l’homme considéré dans sa globalité…elle met en place un accès aux soins dépendant des revenus…elle offre un boulevard à l’industrie pharmaceutique et ouvre la porte aux assurances privées…pour finir par dire que « la sécu, bien malade, n’a pu être sauvée ! »…
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Ecrit par: tavardon, Le: 19/08/09