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Pédagogie des méthodes actives, demain, après demain?

On entre et circule ici avec un badge pour franchir les portes vitrées, on se déplace beaucoup individuellement, accédant seul à des centres de ressources, des lieux de travail indépendant. Les professeurs donnent une partie de leur temps à des cours devant des groupes, une autre partie à des rendez - vous avec des jeunes, individuels ou en équipes de production dont ils accompagnent le projet.
L’ambiance est fluide et affairée. Pas de sonnerie. Pas de pause-récréation collective. Chacun a ses moments de travail collectif, de travail personnel, de pause, de repas. L’organisation, souple et rigoureuse donne un sentiment de liberté et de sécurité.

Chaque élève suit un programme de cours obligatoires, au nombre clairement fixé, condition minimale pour être candidat au passage au niveau supérieur ou pour la validation finale, et un programme d’activités encadrées, sur projet personnel ou d’équipe, comportant des productions personnelles , évaluées par discipline, l’examen final faisant par ailleurs l’objet d’une évaluation de ses capacités de synthèse, par exemple à partir d’une production appuyée sur des recherches personnelles hors du Lycée, dans les domaines scientifiques, technologiques, culturels, professionnels, associatifs. L’important ici est la créativité du candidat dans son “domaine”, celle ci intervenant aussi sur les travaux plus scolaires où l’interdisciplinarité est évaluée à la fois sur les acquis complémentaires les uns des autres, et sur l’originalité dans leur présentation, l’éclairage personnel.
La forme et le contenu de l’examen ont en effet conditionné et donc fait bouger tout ce qui se trouvait en amont. Il s’est créé un climat de participation réelle, de recherche, parmi les enseignants comme parmi les jeunes. A l’épreuve de synthèse, plusieurs professeurs de différentes disciplines examinent la production du candidat. C’est un travail d’équipe très exigeant, donc motivant, et même passionnant, source d’une remise en cause personnelle et d’un réel perfectionnement, d’autant plus sûr que chaque élève apporte ses richesses autrefois laissées en friche, aujourd’hui puisées dans sa propre relation avec son environnement, avec d’humbles mais pertinentes innovations. On se situe dans une communication humaine qui engage, stimulante pour les jeunes en raison de la prise en considération de leurs apports. Ce foisonnement de propositions interpelle les professeurs quant au contenu de leur cours, qu’ils actualisent sans cesse.
Très disponibles, ils disposent de bureaux personnalisés, se réunissent en équipes, s’investissent dans des projets d’élèves qui les passionnent, ouvrent la porte de leur cours aux collègues, sont à l’écoute des cours de leurs confrères, produisent des conférences en double ou triple animation. Leur tâche a cessé d’être pénible, répétitive, ils sont des Maîtres reconnus. Enseigner, c’est désormais continuer sa formation personnelle, professionnelle, disciplinaire, interdisciplinaire, c’est recevoir autant qu’on donne. Car tout le monde a besoin de tout le monde: le Maître Pâtissier, ou Mécanicien, ou Tailleur de pierre, le Maître Ingénieur, le Physicien, le Maître de Philosophie ou de Mathématiques... coopèrent, créent ensemble.
L’élève DUPONT, qui prépare une filière scientifique travaille sur un projet floral de rose, dans un laboratoire proche de son domicile, et à l’Ecole. L’élève DURAND, en Bac Pro charcutier traiteur suit les cours de Langues 1, 2, 3, avec des élèves littéraires qui veulent devenir guides-interprètes. Pour lui, l’objectif est d’ exporter lui-même son métier et ses innovations. Avec une équipe des sections serrurerie du lycée voisin, il met au point un moule à foie gras familial, à couvercle-piston lesté pour favoriser la tenue du produit et l’élimination par le haut de la graisse produite à la cuisson. Le jeune DESCOURS, sommelier, fait breveter son système de bouchon à aspiration électrique de l’air dans une bouteille en partie vidée, le vin restera ainsi intact deux jours après sa première dégustation. Le professeur de physique et le professeur d’électronique qui l’ont aidé se trouveront en bonne place, parmi les Maîtres qu’il veut honorer dans son Mémoire de fin de cycle.
Les élèves des sections plutôt générales, plutôt technologiques, ou plutôt professionnelles travaillent ainsi par moments ensemble, avec des professeurs qui, autrefois, étaient eux aussi enfermés dans leur “filière”. C’est un élément formidable d’orientation positive qui s’effectue à partir des motivations du jeune, appuyées sur sa personnalité, son environnement.

Dans ce Lycée devenu polymorphe et donc vraiment général, finis les temps où l’on séparait totalement enseignants et élèves en fonction du type de formation (initiale, plein temps avec stages, apprentissage, formation continue des adultes). Les professeurs, comme les maîtres de stages, valident régulièrement les acquis sans suppression des cours réguliers, aux côtés des professeurs, soit au Lycée soit dans l’entreprise. A la fin du 20 ème siècle, dans certaines formations technologiques ou professionnelles on expérimentait déjà ces validations en cours de formation. Aujourd’hui, des Maîtres de stage ou d’apprentissage peuvent être chimistes, astronomes, bio techniciens, écrivains, musiciens, artistes peintres, comédiens, cinéastes... Il ne reste plus aucun cloisonnement entre des enseignements que l’on avait autrefois arbitrairement séparés, voire opposés. Toutes les créations humaines, dans tous les domaines, ont leur richesse, leur valeur enfin réellement reconnues dans le quotidien. Les retraités, très disponibles, gardent un pied dans leur ancien travail, les entreprises ou ateliers d’artistes, les centres de recherche, par le rôle qu’ils jouent avec joie et efficacité auprès des jeunes en formation. En équipe, à la demande, avec les maîtres de stages et les professeurs.
Les lycées sont devenus des lieux incitatifs aux dépôts de brevets, droits d’auteurs ou compositeurs. La France se peuple d’entreprises innovantes et tout évolue de plus en plus vite. Il n’y a pratiquement plus de chômeurs depuis 3 ans.

L’architecture des établissements a été adaptée. Les centres de ressource et de documentation sont ouverts jusqu’à 20 heures, pour le bonheur des pensionnaires et des adultes en formation continuée. Les investissements sur les personnels qualifiés, sur des installations et des matériels qui deviennent de plus en plus rapidement obsolètes, restent valables pour le contribuable du fait de leur pleine utilisation, toute la semaine 6 jours sur 7, et également lorsque les élèves ont leurs périodes de vacances pour des formations d’adultes, y compris les séminaires de recyclage des personnels des lycées et de leurs partenaires formateurs extérieurs. Ils sont également utilisés dans ces périodes de vacances scolaires pour des rencontres internationales, des étudiants étrangers viennent acquérir des unités de valeur, et les étudiants du lycée vont en acquérir à l’étranger. Les élèves en formation hôtelière gèrent un hôtel d’application de 80 chambres pour les Etudiants étrangers et adultes en formation continue en séjour à l’Ecole, et aussi pour accueillir des groupes de touristes qui bénéficient d’un séjour culturel organisé par les Techniciens Supérieurs Tourisme et les guides interprètes.

La préparation du bac ou du Brevet de Technicien Supérieur, ou des concours d’entrée dans ce qu’on appelait au 20 e siècle les “Grandes Ecoles”, aujourd’hui multiples et banalisées par la multiplication des lieux d’excellence, reste la vocation de base des lycées, mais les jeunes ont des objectifs, des besoins, des motivations, des itinéraires, qui dépassent ces cadres autrefois très standardisés, et leur outil de travail leur est indispensable au delà des programmes nationaux de préparation à ces diplômes, qui font partie de leurs objectifs, mais qui ne sont pas les seuls.

La carte à puce individuelle donne accès aux lieux où l’on a à faire, et garde en mémoire les cours ou TP suivis. Les ordinateurs n’acceptent que les CD et disquettes prévus et codés: plus de problème de virus informatiques. Les conseillers d’orientation sont consultés sur Internet, comme les équipes situées à l’étranger et avec lesquelles ont lieu des échanges porteurs chaque fois de validation d’acquis. Le lycée vit ainsi toute l’année, fenêtre ouverte sur le monde, en même temps que milieu protégé. Car le lycée travaille aussi pour un public qui ne se rend jamais dans ses murs.

Au temps de la violence qui avait pris possession de quelques rares lycées au point que l’essentiel du temps des personnels et de l’ensemble des élèves était devenu du temps gaspillé, perdu, et en même temps déstructurant, dangereux, il a bien fallu socialiser autrement les jeunes qui apportaient un trouble public sans profiter le moins du monde de l’occasion qu’ils avaient de retrouver des repères et un développement personnel.
Aujourd’hui ces jeunes sont scolarisés par le CNED, (Centre National d’Enseignement à Distance) qui les réunit en équipes une fois par semaine, dans un lycée, et les incorpore par sujet d’études aux élèves extérieurs au CNED, à la demande. Ceux qui ne pouvaient même pas supporter de rester dans un petit groupe sans exiger d’en devenir les “caïds”, ceux qui étaient pratiquement à la rue, ont leur famille ou leur foyer d’accueil, et leur terminal Internet/Télé Enseignement équipé de systèmes interactifs performants.
Au CNED, 5 heures de cours nouveaux par jour et par niveau transitent par le satellite, soit plus de 100 émissions parallèles en numérique réparties sur une trentaine de canaux. Les malades, les handicapés, les jeunes non scolarisables momentanément, les adultes de tout statut, plus de 10 millions d’utilisateurs réguliers au total, font un bout de chemin avec le CNED, et obtiendront des qualifications reconnues avec un point d’appui sur leur environnement économique et culturel. Ces cours feront l’objet de retransmissions en horaires écalés, en soirée et de nuit, en particulier à destination de pays étrangers vivant sous d’autres fuseaux horaires.

Chaque lycée dispose d’un studio d’enregistrement vidéo et produit un cours par semaine pour chaque diplôme préparé: partie cours magistral, partie TP, partie reportage extérieur, partie production personnelle d’un élève ou d’un groupe, trois heures d’émission au total. Le CNED, à POITIERS, centralise, programme, accompagne ces enregistrements. Chaque lycée reçoit les chaînes du CNED, des salles équipées de consoles individuelles(écran, casque, micro, scanner, mini caméra, unité centrale informatique) accueillent des élèves venus individuellement combler une lacune ou participer à une partie du programme qui est leur oeuvre, et pour laquelle ils ont rendez-vous avec des utilisateurs avec lesquels, à leur demande, ils pourront dialoguer, via les centrales de regroupement et de traduction simultanée de POITIERS où chaque programme est diffusé avec la présence active d’un animateur.
Les lycées font ainsi partie d’un réseau planétaire, on ne peut rêver publics, interlocuteurs et rencontres plus hétérogènes. La formation est devenue un service public accessible à tous, à tous moments et à la carte. Au 20 ème siècle, le Centre National des Arts et Métiers en France, l’Open Université au Royaume Uni avaient initié avec des technologies lourdes et difficiles, cette évolution vers une complète et stimulante communication. Il a fallu convaincre, décloisonner, écrouler des murailles de tradition pour parvenir à ce résultat qui fait de chaque formateur un être curieux et en réseau qui se forme, et de chaque étudiant un formateur créateur qui apporte sa petite production dans le réseau.

L’évolution parallèle de la conception du fonctionnement du lycée, mais aussi de l’Université ou de l’Ecole d’Ingénieurs, et de la communication avec Internet, ont permis à l’Education nationale de garder toute sa place et avec elle les valeurs de l’Ecole laïque et de la République. Un pas de géant s’est effectué vers plus d’égalité devant la formation, vers plus d’efficacité.


Claude BARRATIER

tavardon Le: 10/10/09