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Cap sur l'emploi, aide à la recherche

Une cellule emploi, des résultats!

Le bénévolat peut compenser la dérive inhumaine des services de l’Etat qui sont souvent privatisés
, et qui échappent même au Pôle Emploi, aux traditions d’accueil dans les services publics. Etre bénévole dans une cellule emploi nous place au cœur de la galère des demandeurs, et nous fait interroger sur l’évolution de notre société.
Je fais beaucoup de bénévolat dans une association loi de 1901« cap sur l'emploi", atelier de cap générations. et je pense que mes observations pourront servir à d’autres.

Les demandeurs d’emploi se trouvent devant un véritable mur de difficultés et d’arnaques.

Leur premier besoin est d’être écoutés, encouragés, aidés. La réforme de l’ANPE globalisée dans un Pôle emploi a fait l’objet de déclarations gouvernementales en trompe citoyen, sur le terrain il y a moins de personnels pour s’occuper des demandeurs. Reçus, leur conseiller ne peut leur consacrer que 15 minutes. Leur impression est de passer dans une mécanique, une sorte de machine inhumaine.

Il n’y a que des bénévoles (presque tous retraités) dans notre association qui bénéficie d’un prêt gratuit de local municipal avec fluides, réseau internet et téléphone. Cinq ordinateurs venant de dons. Nous assurons des permanences de 2 à 3 heures chaque lundi, mardi, mercredi, samedi de l’année sauf les jours fériés. Nous nous réunissons à d’autres moments pour nous former et améliorer notre action. Nous avons fabriqué un logiciel de suivi de chaque demandeur et un guide du demandeur. Nous affichons des offres sélectionnées et les communiquons aux communes voisines intéressées qui les font connaître.

Notre première approche est humaine, encourageante, avec un bilan de compétence du demandeur élaboré avec lui, comme son CV et sa lettre de motivation qui devront être ajustées aux offres. Nous utilisons ensemble la documentation du CIDJ( Centre d’information et de documentation de la Jeunesse). Nous pouvons passer plus d’une heure avec le demandeur qui reviendra autant de fois qu’il voudra et sans rendez vous. Nous pratiquons des simulations d’entretien de sélection par l’employeur. Le premier message que nous faisons passer est que la recherche d’emploi s’effectue à temps plein. Largement 35 h par semaine. Les demandeurs ne doivent pas rester dans l’attentisme passif, ils deviendraient incapables de travailler tout de suite « à plein régime ».

Nos demandeurs ont souvent de petites ressources, et ils apprécient de pouvoir appeler gratuitement par le téléphone du local, produire des CV sur nos imprimantes, envoyer des mails. Il nous arrive de les raccompagner lorsqu’ils ont pris un autocar pour venir et que l’heure est passée pour leur retour. Nous les aidons auprès les mairies à trouver une solution de financement pour passer un permis de conduire, devenu indispensable. Il devient difficile de trouver une voiture d’occasion bon marché, la prime à la casse les a éliminées.

Pour les « petits emplois » notre population de demandeurs n’a parfois pas accès à un ordinateur chez lui et ne sait pas s’en servir. Nous les initions donc sur nos machines, ils gèrent leur courrier électronique emploi sous notre regard attentif aux bévues à ne pas commettre. Ils ont leur mail personnel et peuvent ensuite aller travailler sur des machines proches de chez eux (famille, mairie…). Ils apprennent la recherche d’emploi sur internet facilement, ouvrent un compte personnel au pôle emploi et postulent ainsi en direct. Bref, nous les aidons à devenir autonomes, et cet acquis en informatique basique les aide ensuite dans leur travail, c’est presque partout devenu indispensable.

Les moins de 30 ans savent faire, et après une ou deux visites, effectuent leur recherche de chez eux. Parfois ils viennent en plus à la cellule et nous aident à démarrer les néophytes. Les chômeurs de la bureautique, de l’encadrement, maîtrisent également l’outil informatique.

Nos annonces affichées dans plusieurs communes contiennent les adresses des contacts à prendre. Chaque permanence les ordinateurs tournent tous grâce à l’autonomie acquise.

Les demandeurs sont accueillis sans RDV dans la même pièce, nous faisons les présentations, ils échangent des idées pour celui qui cherche comme eux. C’est très bien qu’ils ne se sentent pas tout seuls en situation difficile. Bien sûr, en cas de besoin, l’un des bénévoles emmène le demandeur pour un dialogue plus confidentiel dans une pièce voisine, on sent très bien cela, la moindre gêne se voit.

Côté employeurs, nous faisons de la prospection systématique dans tout le bassin d’emploi
, pour obtenir des offres assez précises nous permettant de trouver tout de suite le profil adéquat. Nos usagers ne sont ainsi pas tout à fait des étrangers à leur arrivée dans l’entreprise ou chez le particulier.

Jusqu’ici, - mais en y mettant de plus en plus longtemps, depuis 6 mois, tous nos demandeurs ont été embauchés.

Je peux donc me permettre de critiquer certains fonctionnements :

D’abord Le Pôle emploi. Les chômeurs qui viennent nous solliciter ont déjà ou vont avoir leur numéro d’inscription au Pôle. Alors qu’hors annonces du Pôle, nous faisons avec les demandeurs des recherches diverses et trouvons des offres avec une adresse d’employeur (on peut téléphoner, envoyer un message, une lettre de motivation adaptée et un CV adapté aussi au poste à partir du bilan de compétence du demandeur que nous avons réalisé avec lui), avec le Pôle emploi, le fonctionnement paraît se gripper : on crée par internet un compte interne au pôle, on crée un mot de passe spécifique au demandeur, on envoie un CV et une lettre de motivation qui restent en mémoire au Pôle, et on postule. La plupart du temps, pas de réponse : le Pôle emploi ne transmet à l’employeur que s’il estime que le candidat (qu’il n’informe pas) a le profil. Il est vrai qu’il choisit dans une grosse pile de demandes. Il nous semble que si nous pouvions faire l’envoi nous même avec CV et Lettre de motivation adaptées, ça marcherait mieux.

Nous filtrons aussi des offres qui n’en sont pas : des sociétés de services ou des maisons d’intérim offrent des emplois qui n’existent pas, pour recevoir des dossiers de candidats disponibles dans le cas où un employeur solliciterait un profil existant dans leur base de données. Elles ne répondent donc pas aux demandeurs.

Des demandeurs se voient proposer un curieux emploi : devenir un auto entrepreneur qui travaillera pour l’employeur mais sans en être salarié. Ce statut existe depuis 2008, on est assuré à la Sécurité sociale au 1er euro de chiffre d’affaire, on a des taxes et impôts très réduits. Comme on travaille pour soi, on ne compte pas son temps. Exemple : je réponds à une offre de bûcheron. Il m’est proposé de créer mon entreprise. Et de recevoir une somme forfaitaire pour chaque stère de bois livré au point de vente. Après je me débrouille, et bien sûr pour gagner ma vie au SMIC je vais devoir faire 70 h hebdomadaires. Je suis « à mon compte », celui qui me donne la forêt en adjudication de tâche n’a pas à me licencier quand la tâche est finie ! Et il sera alors très difficile d’obtenir un RDV pour s’inscrire au Pôle emploi. Tant qu’on n’est pas inscrit on n’est pas compté comme chômeur !

Mieux encore, répondant à une annonce de travaux d’exploitation agricole un demandeur qui sait conduire poids lourd, moissonneuse batteuse, tracteur pour labours, semailles et traitements chimiques, le même demandeur sachant assez bien réparer lui-même ce matériel, se voit proposer un forfait à la tâche pour un nombre d’hectares précis, un programme d’exploitation avec fourniture des semences…à la condition qu’il achète le matériel qui a effectivement un grand besoin de remise en état et qu’il devienne auto entrepreneur.

Ainsi, les réformes de l’ANPE et des ASSEDIC, la création du statut d’auto entrepreneur (qui concurrence dangereusement l’artisanat, le commerce, avec ses cotisations et impôts allégés) qui pousse à la baisse le paiement de l’heure de travail effectif, placent les demandeurs d’emploi dans une situation très difficile.
On trouve encore des emplois corrects, des CDD et même des CDI, mais on trouve aussi des petits bouts d’emploi : quelques heures ici, quelques heures là à mettre bout à bout. Quelques entreprises de service arrivent à créer des emplois complets à partir d’une clientèle fidélisée et régulière.

Quand j’ai quitté ma permanence ce samedi, le dernier visiteur m’a dit « Merci, là j’avance, et je voudrais bien trouver quelque chose qui me laisse libre le samedi pour me former à accueillir d’autres demandeurs avec vous. » Il n’est pas le premier à dire cela, nous avons régulièrement quelques chômeurs ou travailleurs à temps partiel qui viennent régulièrement nous aider.

Je me pose quand même la question : l’Economie du pays ne peut-t-elle pas fournir des services publics qui fonctionnent de mieux en mieux plutôt que de s’en remettre au bénévolat ? Et s’intéresser au public des demandeurs avec une approche humaine ? La République est par définition celle de l’égalité et de la fraternité, pas seulement celle de la liberté des loups dans la bergerie pour reprendre une formule célèbre.

tavardon Le: 20/07/11