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resistance aux croisades.force des opprimés

La force des opprimés.



L’Eglise catholique toute puissante en France sous les monarchies « de droit divin » a imposé un totalitarisme opposé à la liberté de conscience dont on rêvait peut être.

La Croisade contre les vaudois de 1488 fut une répression religieuse conduite en 1488 par l'inquisiteur Alberto Cattaneo, mandaté par le pape Innocent VIII à la demande de l'archevêque d'Embrun Jean Baile. Une expédition tenta de purger l'hérésie vaudoise dans les vallées de Freissinières, de la Vallouise, de L'Argentière et du Val Cluson.

De nombreux « hérétiques » torturés, assassinés. Des rescapés en fuite dans des communes reculées de la région que nous appelons le Queyras. Triste bilan.

On connait mieux encore la croisade du roi de France contre les Cathares, et le bûcher où les « parfaits » dits « hérétiques » furent brûlés vifs à Montsegur, le 16 mars 1244

Le totalitarisme français se manifesta fortement avec le roi de France Louis XIV qui considérait que chacun de ses sujets devait avoir sa religion à lui. Il révoqua le 18 octobre 1685 l’édit de Nantes signé par son grand père Henri IV le 30 avril 1598 qui avait mis fin aux guerres de religion. Les « dragons » de Louis XIV s’en prirent aux huguenots (protestants), torturés, assassinés, contraints d’abjurer leur religion, ce qu’ils firent semblant de faire très nombreux. Ces « hérétiques » là ne furent cependant pas vaincus, même s’ils furent décimés. Mieux, ils résistèrent, en particulier dans le Gard et l’Ardèche. Cavalier et Mazel, de nombreux autres ripostèrent à l’assassinat de leurs pasteurs et la destruction de leurs temples, par des assassinats de prêtres et l’incendie de nombreuses églises catholiques. On ne put les empêcher de se réunir parfois à plus de 3000 par exemple sur un petit plateau de la « Plaine de Less » à Issamoulenc, Ardèche, dans de multiples autres assemblées du « désert ». Avant l’arrivée des troupes royales, ils se dispersaient. Ils avaient des chaires démontables et légères permettant à leur pasteur de prêcher en hauteur. Une célèbre ardéchoise, Marie Durand, fut emprisonnée 38 ans, avant d’être libérée sous Louis 15, en 1767. Dans sa prison de la Tour de constance, à Aigues Mortes, elle refusa de se convertir, comme une trentaine de compagnes, et laissa gravée dans la pierre de sa prison, toujours visible aujourd’hui, ce témoignage, « Résister »



Résister à quoi ? Au totalitarisme royal bien sûr.



Revendication ferme pour la liberté de conscience et de son expression qui se développa avec la Révolution de 1789.



Patrick CABANEL et André ENCREVE dans « De Luther à la loi Debré, Protestantisme, Ecole et laïcité démontrent l’apport des protestants à l’idée de « laïcité »



« Luther insiste beaucoup, dès 1524, sur l’importance de l’instruction et sur la nécessité d’une forte culture classique, non pas dans un but simplement scientifique, mais comme instrument au service de l’Église et de l’État ». Des compétences qui faciliteront l’accès aux responsabilités publiques.

Il réclame « la mise sur pied d’écoles pour les enfants du peuple, .Il ne fait pas de distinction entre les garçons et les filles, et souhaite des écoles pour tous les enfants »…

En fait, le lien entre la Réforme et l’éducation est double, parce que les Réformateurs ne réclament pas seulement le développement de la culture profane. Le type d’instruction religieuse dont ils se font les champions est lui aussi porteur d’une alphabétisation du peuple : dès lors que la Bible est la seule autorité (et non plus la hiérarchie de l’Église) et que la lecture individuelle de la Bible est une exigence fondamentale, il est indispensable que chaque fidèle soit en mesure de la lire et donc qu’il dispose d’un minimum d’instruction. D’ailleurs, au milieu du XVIe siècle, les régents d’école sont nombreux à adhérer à la Réforme, et ils sont parmi ses principaux propagateurs. Et, pour développer l’influence du protestantisme, l’un des moyens souvent utilisés alors – lorsque les huguenots dominent socialement une région – est l’introduction de maîtres protestants dans les écoles. …

Lorsque cela leur est matériellement possible, bien des protestants achètent des livres et les transmettent à leurs enfants. Ainsi, dans son étude sur les bibliothèques de Metz au XVIIe siècle, Philip Benedict montre que 80 % des familles protestantes ont des livres, alors que ce n’est le cas que de 20 % des familles catholiques, et que les familles protestantes possèdent nettement plus de livres que les familles catholiques. Naturellement, parmi les livres les plus souvent présents dans les successions des protestants, on trouve la Bible de Genève ou le Nouveau Testament.



On peut sans doute, pour l’anecdote, remarquer qu’en 1833, c’est le protestant François Guizot qui est l’auteur de la première grande loi destinée à permettre un véritable développement de l’instruction primaire. Mais une étude de cette loi montre bien qu’elle n’a rien de spécifiquement « protestant » et que Guizot, champion de l’usage de la raison dans le domaine politique, sait qu’une loi « protestante » n’aurait aucune chance d’être mise en application dans un pays catholique comme la France..

La laïcisation des programmes et des personnels, par les lois Ferry et Goblet, en 1882-1886, a changé la donne, en installant dans un même lieu et devant un même programme des enfants venus de différentes confessions.





Il est clair que l’une des réussites de la Réforme a été de créer un type de piété marqué par un rapport au livre bien différent de celui des catholiques. Ce genre de rapport à l’écrit caractérise l’ensemble des protestants, mais, en France, il est renforcé par les vicissitudes de l’histoire. Chacun le sait, au moment de la révocation de l’Édit de Nantes, Louis XIV tente d’éradiquer le protestantisme en utilisant tous les moyens, même les plus violents, mais aussi en faisant disparaître le corps pastoral (surtout par exil). Raisonnant en catholique, il pense qu’en privant les protestants de leurs pasteurs, il parviendra à faire disparaître les Églises réformées. Mais il oublie alors que les protestants, qui adhèrent à la doctrine du sacerdoce universel, peuvent se passer de pasteur, puisque la famille protestante est une « petite Église ». L’absence de pasteur conduit donc, le plus souvent, les protestants français (en dehors d’assemblées « du Désert », épisodiques) à se replier sur une pratique religieuse familiale, centrée sur le culte de famille, lui-même, pour l’essentiel, organisé autour de la lecture de la Bible familiale. Dans Si le grain ne meurt, André Gide en a laissé une description intéressante, datée de la fin du XIXe siècle, alors que l’exercice du culte est bien évidemment devenu libre ; mais cela n’a pas fait disparaître les habitudes de pratique religieuse familiale. Égaré à la tombée de la nuit dans la campagne près d’Uzès, il frappe à la porte d’un mas, pour ne pas passer la nuit à la belle étoile. Il est accueilli et, remarquant « sur une sorte d’étagère une grosse Bible », il comprend qu’il s’agit d’une famille protestante, puisque c’est alors un marqueur religieux évident. Il dîne avec la famille puis il participe au culte de famille : « Mais, dit le vieux [le grand-père, puisque le père est absent], vous permettrez que nous ne dérangions pas nos habitudes […] Alors il alla chercher la grosse Bible que j’avais entrevue, et la posa sur la table desservie. Sa fille et ses petits-enfants se rassirent à ses côtés devant la table dans une attitude recueillie qui leur était naturelle. L’aïeul ouvrit le livre saint et lut avec solennité un chapitre des évangiles, puis un psaume ; après quoi chacun se mit à genoux devant sa chaise, lui seul excepté que je vis demeurer debout, les yeux clos, les mains posées à plat sur le livre refermé. Il prononça une courte prière d’action de grâce, très digne, très simple, sans requêtes, où je me souviens qu’il remercia Dieu de m’avoir indiqué sa porte, et cela d’un tel ton que tout mon cœur s’associait à ses paroles. Pour achever il récita le "Notre Père", puis il y eut un instant de silence, après quoi chacun des enfants se releva »

Cette multitude de « petites « églises familiales représente la Résistance imparable, le despote Louis XIV est de fait battu sur ce terrain. Battu aussi dans l’interdiction appliquée d’ensevelir les protestants défunts dans les cimetières existants. Les protestants ensevelirent leurs morts dans des leur jardin, leur propriété. Dans les siècles suivants, lorsque les cimetières communaux furent publics, mais avec des concessions coûteuses et souvent temporelles, ils continuèrent à utiliser leurs propres cimetières, seuls lieux encore aujourd’hui où ils sont chez eux pour l’éternité.



Revenons à l’Ecole. Il faut que ça fonctionne bien, que les enfants apprennent, il faut des maîtres en pédagogie.

« Attentifs aux leçons et aux recettes qu’ils pouvaient recevoir de l’Europe protestante, politiques et pédagogues de la génération de Jules Ferry ont choisi pour maître, sans cesse célébré, véritable « Réformateur » européen au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, le Suisse de langue allemande Pestalozzi…

Que Pestalozzi ait été un jalon inattendu, mais peut-être capital, dans la généalogie de l’école républicaine – nous ne disons pas encore « laïque » – trouve une étrange vérification biographique dans le cas d’Élie Rabier, le presque inamovible directeur de l’enseignement secondaire dans la République de Ferry, qui est l’arrière-petit-fils d’un élève du pédagogue suisse venu fonder une école à Bergerac à l’invitation du philosophe Maine de Biran. Rabier est l’un des « directeurs » protestants de la laïcité en cours d’institutionnalisation, aux côtés de Ferdinand Buisson (qui dirige l’enseignement primaire), de Louis Liard (qui est à la tête de l’enseignement supérieur – l’homme n’est qu’un compagnon de route du protestantisme)19, de Félix Pécaut puis Jules Steeg à Fontenay-aux-Roses, de Mme Jules Favre à Sèvres, de Pauline Kergomard (née Reclus) à la tête des jeunes écoles maternelles, etc.20. Ces hommes et femmes, pour certains anciens pasteurs ou théologiens, pour d’autres membres de familles pastorales, incarnent ce moment unique, et peut-être provisoire et fragile, où l’histoire de France n’a plus été écrite ni par les héritiers de Bossuet, ni par ceux de Voltaire, mais bien par les arrière-petits-fils d’un Calvin ou peut-être d’un Castellion…

Pour des raisons multiples, des protestants, chrétiens sans cléricalisme, laïques sans athéisme, ou du moins tenus pour tels, ont très exactement fourni the right men in the right place. Protestantisme et laïcité donc.

Les protestants n’ont pas été « naturellement » laïques, pas plus en matière d’école que d’État, comme le montre le fait que plusieurs pays protestants européens ont encore aujourd’hui des Églises « établies ». Ils se sont ralliés à la laïcité de l’école parce que, dans un pays où ils sont l’infime minorité, elle offrait les plus grandes garanties de protection et de liberté face à un péril clérical, ou tout simplement catholique, dont on les voit exprimer la crainte jusqu’à la fin des années 1950 ! Qu’ils aient conçu pour cette laïcité une reconnaissance fondamentale, pour ne pas dire viscérale, et qu’ils l’aient servie avec passion, hussards parmi les hussards ; qu’ils aient apprécié de trouver entre la structure de leurs Églises et celle de la République une règle de fonctionnement commune, celle-là même de la démocratie représentative, et qu’ils l’aient fait savoir, n’enlève rien au fait que cette rencontre d’une minorité et d’une idée a été un moment d’histoire, non une donnée intemporelle qui voudrait qu’il y ait des religions « laïques » et d’autres « cléricales ».

Ce protestantisme a appris à redouter bien davantage, des années 1830 aux années 1870, les pressions du cléricalisme et l’intolérance tranquille d’une société restée encore profondément catholique, ce qui ne peut que faciliter son ralliement précoce et sincère au nouveau cours ; et que les dirigeants de la SEIPP ne représentent plus, dans les années 1880, que l’une des sensibilités protestantes, la grande majorité des familles et même un certain nombre de pasteurs passant d’enthousiasme à l’école laïque. Ce clivage entre des dirigeants plus « religieux » et une masse franchement « laïque » se retrouve tout au long du XXe siècle. Il est tel que les responsables de la Fédération protestante de l’enseignement et le directeur gaulliste de l’hebdomadaire Réforme, le pasteur Albert Finet, sont finalement contraints, face à l’émotion suscitée par le projet de la loi Debré, en 1959, de se rallier à leur base, dont la sensibilité laïque est vive, et d’apporter leur soutien au Comité national d’action laïque. ….



On peut parler d’une forme d’échec du protestantisme dans sa volonté de peser en faveur d’une laïcité spiritualiste, voire d’une neutralité sincère ; mais on peut tout aussi bien signaler combien les protestants se sont sentis à leur aise dans la nouvelle école laïque, à laquelle ils ont donné leurs enfants mais aussi beaucoup de maîtres, des « hussards noirs » aux inspecteurs généraux, des auteurs de manuels aux ministres (de Guizot à Jospin, en passant par Jean Zay). Ici se sont retrouvés les deux traits majeurs de leur personnalité historique : une appétence d’origine religieuse pour le livre et l’alphabétisation, mais désormais sécularisée (de la majuscule à la minuscule pour noter le « Livre ») ; et la chance saisie face à l’ouverture d’un espace scolaire qui ne prétend reconnaître que des individus libres et égaux, offrant par là un nouveau destin aux héritiers de minorités hier persécutées, interdites ou reléguées. La laïcité, c’est la perte du handicap pour les protestants et les juifs, et c’est la survalorisation de leur savoir-lire séculaire.



De 1940 à 1945, la France occupée par les nazis ressemblait à un gigantesque camp de concentration, pillé, avec la complicité et même le zèle des collaborateurs vichystes. Cela n’empêcha pas la Résistance généralisée de protestants, de juifs, d’athées, et aussi de très nombreux catholiques, car ils n’étaient pas tous pétainistes.



En cette fin 2019, devant les incertitudes de la politique laïque ou non du président Macron, les Français de toute philosophie se lèvent pour que l’Etat renforce la laïcité de l’Etat et la développent dans toutes les écoles publiques. Les sondages comme celui qui est publié ce 27 octobre 2019 démontrent une exigence forte, au bon moment.

tavardon Le: 11/01/21